Il lève l’ancre, il hisse les voiles
Il sent le vent, il quitte la terre
Il prend le large sous les étoiles
Il part tout seul à l’aventure
Il n’a pas peur car tout est calme
Enfin il vit, il en est sûr
Même sans son masque, même sans ses palmes.
Il fut un temps où il n’avait
Qu’une seule envie, aller sous l’eau
Trouver la paix dont il rêvait
Rencontrer même un cachalot
Toujours plus loin, toujours plus bas
Pour danser avec des gorgones
Et s’enivrer dans des ébats
Beaucoup plus beaux qu’à la Sorbonne.
Il traînait toujours sur le port
Pour parler aux scaphandriers
Apprendre d’eux tous les trésors
Dont il voulait faire son métier
En espérant bien qu’un beau jour
Quelqu’un lui offrit l’occasion
D’aller sous l’eau faire un grand tour
Enfin assouvir sa passion.
Il rêvait à tous les coraux
Rouges et blancs qui l’attendaient
A tous les gouffres abyssaux
Que bien des tombants surplombaient
Aux requins bleus venus du fond
Qui sauraient aussi l’observer
Aux dauphins et à tous les thons
Qui avec lui voudraient jouer.
Il espérait bien rencontrer
Une sirène aux yeux ardents
Avec une taille bien cambrée
Et des cheveux en fils d’argent
Qui lui dirait viens avec moi
Dans ma demeure en Atlantide
Nous y vivrons bien des émois
Et y aurons une vie splendide.
Quand il la vit au bout du quai
Avec son sac et ses bouteilles
Ses yeux clairs qui le reluquaient
Et ses cheveux couleur vermeil
Il su enfin que c’était elle
Qu’il la suivrait au bout du monde
Jusqu’à Saint Jacques de Compostelle
Là où les coquillages abondent.
Elle lui apprit les rudiments
A respirer la tête sous l’eau
A se servir de l’équipement
Et à voler entre deux eaux
Mais après la première plongée
Il eut une drôle de sensation
Un mal qui faisait présager
Un problème de décompression.
Tous les matins il atterrit
Quand on lui porte son déjeuner
Qu’on le redresse sur le lit
Qu’il est incapable d’arranger
A cause de la tétraplégie
Qui a pris les rennes de son corps
Et l’a condamné pour la vie
A explorer ce qu’est la mort