Mon Frère

A chacun il offrait l’éclat de son sourire,

Il ouvrait grand les bras et vous serrait très fort

Et il avait toujours quelques mots pour vous dire

Combien il vous aimait beaucoup plus qu’un trésor.

Il était toujours là bien avant tous les autres

Pour accueillir chacun comme s’il était unique,

et offrir la chaleur dont il était apôtre,

Un moment avec lui c’était un peu magique.

Quand on ouvrait la loge, qu’on allumait les feux,

Que sur les deux colonnes s’alignaient tous les frères,

On voyait une lueur qui éclairait ses yeux,

Avec les trois plateaux il donnait la lumière.

Le bonheur irradiait de toute sa personne

Quand la cérémonie faisait un nouveau frère.

Avec lui l’égrégore baignait toutes les colonnes,

Et s’il avait du mal à dire toutes les prières,

S’il bafouillait parfois les mots du rituel,

S’il hésitait devant les déambulations,

Si à apprendre par cœur il demeurait rebelle,

Pour les valeurs du cœur il était une leçon.

On le voyait franchir une à une les étapes

Qui mènent au degré de Vénérable Maître

Et c’était un plaisir d’observer aux agapes,

A quel point peu soucieux il était de paraître.

Ses mots venaient toujours du plus profond du cœur,

Il n’essayait pas de cacher ses émotions

Et il cherchait toujours à chasser le malheur

Pour offrir au bonheur une bonne solution.

Nous attendions ce jour où il serait fin prêt

A prendre le maillet, à siéger à l’Orient,

A mener les travaux, même à nous épater,

Et de ce moment là nous étions impatients.

Mais avant d’obtenir cette satisfaction,

La camarde l’a fait monter dans sa charrette.

Il est parti connaître la Grande Initiation,  

La seule véritable cérémonie secrète.

Vénérable de sa loge, l’espoir s’en est éteint,

Mais une consolation ce départ a fait naître :

A l’Orient Eternel, j’en suis sûr, il se tient,

Enfin bien installé, à la droite du Grand Maître.

C’était mon frère,

C’était Marcel.