Fleur de sable
Un beau matin du mois de juin,
J'ai découvert avec entrain
Une nouvelle fleur pleine de miel
Qui voulait m'emmener au ciel.
Elle avait de si beaux pétales,
On aurait dit une femme fatale.
Le soleil lui dorait la peau,
Je n'étais plus qu'un bel idiot,
L'esprit troublé, le coeur en feu,
Ne pensant qu'à aller au pieu.
Elle voulait bien croquer la pomme,
Surtout pas faire un petit somme,
Toujours prête à faire l'amour
Et beaucoup de petits détours.
Matin et soir elle était chaude
Prête à cueillir comme une reine-claude,
Ses yeux rieurs disaient " vas-y "
Car maintenant j'en ai envie.
C'est fou une femme ce que c'est bon,
Quand on sait lui faire des ron ron.
Elle peut avoir les lèvres sucrées,
La peau humide, les seins bombés,
Plus de saveur qu'une framboise
Et plus de sang qu'une gerboise.
Mais comment faire quand on est fier,
Lui dire je t'aime, rester de pierre,
Prendre le large comme un bateau,
Tout lui donner pour un berceau,
Ou bien encore la laisser faire,
Tout lui promettre et son contraire ?
La nuit venue j'ai dû choisir
Pour ne pas bouder son plaisir.
Au clair de lune, derrière la dune
J'ai choisi de n'en aimer qu'une,
Et cette fois mon petit soldat
N'a pas failli dans le combat.
Un sale matin du mois de juin,
Me réveillant sous les embruns,
J'ai découvert à mes côtés
La trace d'un corps frais démoulé,
Des seins, du ventre et du pubis,
Et une odeur de myosotis,
Mais plus de fleur, plus de pétales,
De ce beau rêve, restait que dalle !
Copyright Jacques R. Verpeaux (Eucalion) © Droits de reproduction et de diffusion réservés - Ecrire : jacques@verpeaux.net